Boubacar-Boris-Diop

Murambi- Boubacar Boris Diop

Murambi
Murambi- Crédits: La Bibliothèque Qui Ne Brûle Pas.

« Murambi, ou le livre des ossements » est une oeuvre marquante de l’écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop. C’est une oeuvre marquante de l’après-génocide au Rwanda. Murambi, c’est cette vérité qu’on aurait voulue tue à jamais. Murambi, fait partie de mon histoire avec le génocide Rwandais. Murambi est mon premier livre africain de l’année 2015 et donne définitivement le ton de la nouvelle année sur cet espace que nous partageons (ma chère et tendre Bibliothèque).

Murambi est une localité de la préfecture de Gikongoro au Rwanda, qui a été le 24 Avril 1994, le témoin d’un massacre sans précédent. Près de soixante mille Tutsi sont assassinés, alors qu’ils avaient trouvé refuge dans l’école technique encore en construction. C’est l’un des massacres les plus retentissants, de ceux qui auront affecté le Rwanda tout au long du génocide perpétré en Avril 1994 (le 20ème anniversaire a été célébré il y a quelques mois) par les Hutu sur les Tutsi.

Lorsqu’il y a près de dix ans, je me suis interessée pour la première fois à ce malheur, j’étais naïve. Je pensais qu’il s’agissait de soldats massacrant une population civile. Je songeais à l’une de ses nombreuses guerres civiles qui assaillent parfois notre continent, et j’avais pour la première fois lu Murambi. Au rendez-vous, des pleurs, une tristesse inconsolable pendant près d’une semaine, et cette sensation d’échec, ce sentiment sourd que quelque chose n’allait pas sur la planète Terre. Qu’une violence barbare (les machettes), domestique (le voisin tue son voisin), n’était pas possible et n’aurait pas pu/dû passer aussi inaperçue.

La violence de la réaction n’était pas seulement liée à la profondeur du drame, mais aussi et avant tout à l’écriture de Boubacar Boris Diop. Au travers de ses deux personnages principaux (Jessica, la résistante engagée et Cornélius, l’enfant exilé qui découvre que son père était le bourgmestre de Murambi, le commanditaire du massacre du Lycée Technique au cours duquel périront aussi sa mère et ses frères et soeurs), mais aussi de leur parcours, de leurs rencontres et des toutes autres voix que l’auteur choisit de faire parler dans son livre, on a tous les détails s’il n’en faut du génocide. C’est une écriture dépouillée, qui va droit au but et qui fait mal. On sent l’incompréhension de l’auteur, sa volonté de faire « devoir de mémoire », son souci de ne pas nous choquer tout en se donnant la responsabilité de nous informer sans rien nous cacher

Murambi ne se lit pas avec la raison. Murambi se lit avec le coeur, avec compassion, avec tolérance et avec remise en question salutaire. Remise en question de notre place d’être humain, remise en question de notre capacité reéelle à juger l’autre même lorsqu’il s’agit du pire criminel, remise en question des mécanismes qui mènent à la guerre et de ceux qui sous-tendent la paix pour ceux qui ont survécu.

Murambi, sous-titré le livre des ossements, porte bien son nom…Ossements de notre coeur en lambeaux, ossements de ces chers disparus, ossements d’une nation en recomposition. Vingt ans après le génocide, la lecture de ce livre est toujours d’actualité. Il est malgré sa dureté, rempli d’espoir, ciment de sa beauté. Il nous raconte une histoire de génocide, mais il nous parle déjà en ce temps-là de reconstruction…

J’ai aimé le lire la première fois tout en ayant très mal, j’ai aimé le lire la deuxième fois avec beaucoup plus de distance, une meilleure compréhension et je vous invite tous à le lire au moins-ce une fois…pour le devoir de mémoire, pour faire vivre la flamme de l’espoir!

XoXo

Anna KEDI SIADE ♦

1 Commentaire

  1. […] for a few minutes, my eyes full of tears. The last time I was so impacted by a book, I was reading Murambi, another description of evil (Rwandan Genocide). Yes, indeed, Mr. Dongala describes evil. This evil […]

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